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Français Métropole Bac Pro Session 2025

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Bac professionnel
Centre d’examen :
 Métropole
Matière : Français
Année : 2025
Session : Normale
Durée de l’épreuve : 3 heures
Repère de l’épreuve : 25-BCP-FHG-FR-ME1

Programme limitatif
Rythmes et cadences de la vie moderne : quel temps pour soi ?

Texte 1
Dans cette époque riche en informations, gavée de médias, vouée au nomadisme télévisuel1 et aux jeux électroniques, nous avons perdu l’art de ne rien faire, de fermer la porte aux bruits de fond et à ce qui nous distrait, de ralentir le rythme en restant simplement seuls avec nous-mêmes. L’ennui – un mot qui existait à peine il y a cent cinquante ans – est une invention moderne. Retirez toute stimulation extérieure et nous ne tenons plus en place, nous paniquons et cherchons quelque chose, n’importe quoi, pour occuper notre temps. Quand avez-vous vu pour la dernière fois un passager laisser filer son regard à travers la vitre d’un train ? Chacun est trop occupé à lire le journal, à jouer à des jeux vidéo, à écouter son iPod, à travailler sur son portable ou à marmonner dans son téléphone mobile.
Au lieu de penser en profondeur ou de laisser une idée mûrir au fond de notre tête, notre instinct nous commande à présent de trouver le résumé le plus immédiat. Dans les conflits modernes, les correspondants sur le terrain et les experts dans les studios pondent des analyses à chaud des évènements. Leurs jugements se révèlent souvent faux, mais cela importe peu de nos jours : le pays de la vitesse consacre le règne de la réponse toute prête. Avec des retours satellite et des chaînes d’information actives 24 heures sur 24, les médias électroniques sont dominés par ce qu’un sociologue français a baptisé « la pensée rapide » – par ceux qui, sans perdre le rythme un seul instant, peuvent fournir une réponse désinvolte2 à n’importe quelle question.
Carl Honoré, Éloge de la lenteur, 2004.

Texte 2
L’arrêt a été précédé par quelques ralentissements insidieux1, apprivoisant l’éventualité d’une immobilisation prochaine. « Le train est arrêté en pleine voie… » Le message du contrôleur suscite quelques indignations fatalistes, et un « Ça y est ! » du voyageur le plus pessimiste, ou le plus exaspéré. En pleine voie, dans la nuit. Le tadam-tadam lancinant et l’oscillation latérale qui semblaient l’essence même du trajet, la contrainte nécessaire à son accomplissement, s’ouvrent en une fraction de seconde sur une immobilité contre nature, et une inquiétude vite engourdie. On ne sait pas du tout où I’on est. On approche le front de la vitre sourde et grasse. Il y a juste une lueur très loin, peut-être au bout d’un champ. En s’abaissant d’un ton, les conversations témoignent à présent d’un souci du voisin que le voyage normal ne laissait pas augurer2 . On est à l’arrêt, on ne sait pas pourquoi, ni pour combien de temps. Le commentaire du contrôleur s’est achevé sur la promesse dilatoire3 de revenir vers vous.
C’est étrange. On se sent désemparé et en même temps comme délivré d’un ordre des choses dont on ne percevait pas la tyrannie. La substance du temps change soudain de consistance. Un retard, oui, mais sur quoi ? L’impossibilité d’en évaluer le terme et l’incidence invite à plonger dans le vide, à ne rien faire, à demeurer prostré4 dans une lévitation5 assez lâche et un peu hypocrite. On pourrait lire, on a un bon bouquin.
Mais on n’a pas vraiment envie d’abandonner cet univers imposé, tout ce creux plutôt confortable.
On a conscience de son corps autrement. On n’est plus dans la vie, et ce n’est pas désagréable – on est davantage dans l’existence, on sent que l’on regarde en ne regardant rien, on pense assez délicieusement que l’on ne pense pas. Victime d’un abandon, on en devient aussi bénéficiaire. On n’est pas si pressé de retrouver la tension ordinaire, la nécessité d’aller quelque part et d’être quelqu’un. On n’a plus d’âge.
On est peut-être en Bourgogne, sûrement, mais cela ne veut plus rien dire. On flotte au cœur d’une campagne insondable et plus encore au creux de soi.
Plus tard on prétendra que c’est insupportable. Mais on l’a supporté si bien.
Philippe Delerm, Les Instants suspendus, 2023.
1Insidieux : presque imperceptibles.
2 Augurer : prévoir quelque chose.
3 Promesse dilatoire : qui vise à retarder la réponse attendue.
4 Prostré : immobile, replié sur soi-même.
5 Lévitation : flottement, attente.

Évaluation des compétences de lecture (10 points)

Après avoir lu attentivement les textes du corpus, vous répondrez aux questions qui suivent. Toutes les réponses doivent être rédigées et justifiées. Vous veillerez au soin apporté à la langue et à votre copie.

Texte 1
Question 1 : (2 points)
Selon le texte, qu’avons-nous perdu avec l’accélération du temps ? Justifiez votre réponse en veillant à reformuler les éléments du texte.
Image
Question 2 : (2 points)
Le titre de l’œuvre est-il vraiment adapté ? Justifiez votre réponse par une description précise de l’image.
Texte 2
Question 3 : (3 points)
a) Comment les voyageurs réagissent-ils à l’arrêt du train ?
b) Pourquoi le narrateur conclut-il « Plus tard on prétendra que c’est insupportable. Mais on l’a supporté si bien » ?
Corpus (textes et image)
Question 4 : (3 points)
Comparez la façon dont le texte 1, l’image et le texte 2 évoquent les rythmes de la vie moderne en identifiant les points communs et les différences.

Évaluation des compétences d’écriture (10 points)

Se connecter aux rythmes de la vie moderne, est-ce toujours souhaitable ?
Dans un développement organisé et argumenté d’une quarantaine de lignes, vous exprimerez votre point de vue personnel en vous aidant du corpus et des connaissances acquises durant vos lectures de l’année, en particulier celle de l’œuvre littéraire étudiée dans le cadre du programme. Vous pourrez aussi mobiliser votre culture et vos connaissances (scolaires, professionnelles et personnelles)