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HLP Évaluation commune Première G1SHLEH03689

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Epreuve E3C : Histoire Géographie, Géopolitique et Sciences Politiques
Voie : Bac général
Niveau d’études : Classe de première
Session : 2025
Durée de l’épreuve : 2 heures
Axes de programme : Les représentations du monde
Calculatrice : Interdite
Dictionnaire : Interdit
Numéro du sujet : G1SHLEH03689

Extrait de l’annale :
Au seuil du livre, le narrateur expose l’objet et le but de son œuvre : la lecture
d’Histoires vraies joindra l’utile à l’agréable. En se comparant à bien des auteurs antiques antérieurs, il revendique le caractère fictif de tout ce qu’il raconte.
Il y a, entre autres, Ctésias de Cnide1, fils de Ctésiochos, qui écrivit, sur le
pays des Indiens et sur ce qui s’y trouve, des choses qu’il n’avait ni vues ni
entendues de la bouche d’un tiers véridique. Jamboulos2 aussi fit quantité de récits extraordinaires à propos de la Grande Mer ; tous virent bien qu’il avait forgé un récit mensonger, sans que le sujet traité fût déplaisant pour autant. Beaucoup d’autres prirent le même parti et consignèrent comme ayant été vécues personnellement des courses errantes et lointaines, en décrivant des bêtes énormes, des hommes cruels, des genres de vie singuliers. Le chef de file et le maître en fariboles de ce genre fut l’Ulysse homérique qui, dans ses récits à la cour d’Alcinoos, parlait de vents réduits en esclavage, de créatures à l’œil unique, d’hommes mangeurs de chair crue et sauvages, d’animaux à plusieurs têtes, et des métamorphoses de ses compagnons sous l’effet de philtres : tels furent les nombreux contes prodigieux qu’il fit aux
Phéaciens, qui n’y connaissaient rien.
J’ai lu tous ces auteurs, sans trop leur reprocher de mentir, vu que c’est déjà
pratique courante, même chez ceux qui font profession de philosopher. Mais j’étais étonné qu’ils aient cru pouvoir écrire des choses fausses sans qu’on s’en aperçût.
C’est pourquoi moi aussi (par vaine gloire !), j’ai tenu à transmettre quelque chose à la postérité, et je ne veux pas être le seul privé de la liberté d’affabuler. Puisque je n’avais rien de vrai à raconter, n’ayant jamais rien vécu d’intéressant, je me suis adonné au mensonge avec beaucoup plus d’honnêteté que les autres. Car je dirai la vérité au moins sur un point : en disant que je mens3 . Je crois ainsi que j’éviterai les accusations des autres en reconnaissant moi-même que je ne dis rien de vrai. Bref, j’écris sur des choses que je n’ai ni vues, ni vécues, ni apprises d’autrui, et en outre qui n’existent en aucune façon et ne peuvent absolument pas exister. Les lecteurs ne doivent donc nullement ajouter foi à tout cela.
LUCIEN DE SAMOSATE, Histoires vraies (IIe siècle ap. J.-C.),
traduction de Stéphanie Terrasse-Alami

1 Médecin d’Artaxerxès, vers 400.
2 Cet écrivain prétendait avoir vécu sept ans dans une île située vers l’équateur, dans une société communautaire.
3 Parodie de la formule socratique : « je ne sais qu’une chose, c’est que je ne sais rien. »

Question d’interprétation philosophique :
Quel sens ce texte permet-il de donner à la notion d’histoire ?

Question de réflexion littéraire :
Imaginer, est-ce s’éloigner de la vérité ?

Pour construire votre réponse, vous vous référerez au texte ci-dessus, ainsi qu’aux lectures et connaissances, tant littéraires que philosophiques, acquises durant l’année.