Bac Général
Classe : Terminale
Centre d’examen : Polynésie
Matière : Philosophie
Année : 2024
Session : Normale
Durée de l’épreuve : 4 heures
Repère de l’épreuve : 24-PHGEPO1
L’usage de la calculatrice et du dictionnaire n’est pas autorisé
Le candidat traitera, au choix, l’un des trois sujets suivants
Sujet 1
Décide-t-on d’être heureux ?
Sujet 2
Le savoir nous rend-il égaux ?
Sujet 3
Expliquer le texte suivant :
On dit que le temps passe ou s’écoule. On parle du cours du temps. L’eau que
je vois passer s’est préparée, il y a quelques jours, dans les montagnes, lorsque le glacier a fondu ; elle est devant moi, à présent, elle va vers la mer où elle se jettera. Si le temps est semblable à une rivière, il coule du passé vers le présent et l’avenir. Le présent est la conséquence du passé et l’avenir la conséquence du présent. Cette célèbre métaphore est en réalité très confuse. Car, à considérer les choses elles mêmes, la fonte des neiges et ce qui en résulte ne sont pas des événements successifs, ou plutôt la notion même d’événement n’a pas de place dans le monde objectif. Quand je dis qu’avant-hier le glacier a produit l’eau qui passe à présent, je sous-entends un témoin assujetti à une certaine place dans le monde et je compare ses vues successives : il a assisté là-bas à la fonte des neiges et il a suivi l’eau dans son décours (1), ou bien, du bord de la rivière, il voit passer après deux jours d’attente les morceaux de bois qu’il avait jetés à la source. Les « événements » sont découpés par un observateur fini (2) dans la totalité spatio-temporelle du monde objectif. Mais, si je considère ce monde lui-même, il n’y a qu’un seul être indivisible et qui ne change pas. Le changement suppose un certain poste où je me place et d’où je vois défiler des choses ; il n’y a pas d’événements sans quelqu’un à qui ils adviennent et dont la perspective finie fonde leur individualité. Le temps suppose une vue sur le temps. Il n’est donc pas comme un ruisseau, il n’est pas une substance fluente (3).
MERLEAU-PONTY, Phénoménologie de la perception (1945)
(1) « décours » : écoulement
(2) « fini » : limité, par opposition à infini
(3) « fluente » : qui s’écoule, qui passe