Bac Général
Classe : Terminale
Centre d’examen : Métropole
Matière : Histoire-géographie, géopolitique et sciences politiques
Année : 2025
Session : Normale
Durée de l’épreuve : 4 heures
Repère de l’épreuve : 25-HGGSPJ2ME1
L’usage de la calculatrice et du dictionnaire n’est pas autorisé
Répartition des points :
Dissertation : 10 points
Étude critique : 10 points
Le candidat traitera un sujet de dissertation, au choix parmi les sujets 1 et 2.
Il précisera sur la copie le numéro du sujet choisi pour la dissertation.
Sujet de dissertation 1
Le changement climatique, un enjeu géopolitique.
Sujet de dissertation 2
Construire la paix depuis le XVIIe siècle.
Le candidat traitera l’étude critique de documents suivante.
Étude critique de documents – L’affirmation de la puissance chinoise
Consigne – En analysant les documents, en les confrontant et en vous appuyant sur vos connaissances, vous analyserez les moyens et les conséquences de l’affirmation de la puissance chinoise dans les nouveaux espaces de conquête.
Document 1
La Marine française a effectué en 2021 des déploiements significatifs dans l’IndoPacifique, où s’observe une montée en puissance de la Chine. L’amiral Pierre Vandier, chef d’état-major de la Marine nationale, a répondu aux questions du journal Le Monde pour en dresser le bilan.
« L’armée chinoise a récemment multiplié les démonstrations militaires en IndoPacifique : elle a massé 200 bateaux devant l’îlot Whitsun revendiqué par les Philippines, cartographié les fonds de l’océan Indien avec des drones, envoyé vingt chasseurs J-20 dans la zone de défense aérienne de Taïwan… Comment analysez-vous ces comportements ?
Nous avons beaucoup d’éléments qui montrent un changement de posture. Nos bateaux sont systématiquement suivis, parfois contraints de manœuvrer face à des navires chinois pour éviter une collision, au mépris des règles de la liberté de navigation que nous défendons. Certaines de nos escales dans des pays de la région où nous avions des habitudes de passage sont annulées au dernier moment, sans explications claires.
Une pression « sanctuarisante » s’étend au-delà de la première chaîne d’îles en mer de Chine [la ligne dite des « neuf traits » considérée par la Chine comme sa frontière immédiate]. Cette chaîne a été poldérisée, des porte-avions fixes sanctuarisent l’espace, et viennent en quelque sorte fissurer la compréhension du droit international qui était partagée par tous. Au-delà, des logiques de contrainte s’exercent sur certains pays, ici pour ne pas forer, là pour ne pas accueillir de navires étrangers… Le développement militaire chinois répond évidemment à une volonté politique, et le livre blanc de la défense chinoise en a exposé les objectifs stratégiques. Le durcissement atteint une nouvelle phase, il était prédictible.
Vous voyez donc plus une logique de bastion que de perturbation des flux
maritimes ?
L’approche est essentiellement territoriale au départ, et commerciale. Nous sommes face à une puissance qui a tourné le dos à la mer pendant cinq siècles mais qui, devenue une puissance commerciale mondiale, va devoir se « maritimiser ». Nous devons trouver les moyens de discuter avec une puissance qui occupe son espace et s’essaie au rapport de forces. Nous affrontons une logique d’étouffement. L’approche est multidomaines, elle utilise des leviers financiers, économiques, diplomatiques, militaires, et peut exercer sa pression par la guerre hybride, le cyber ou de nombreux autres moyens.
On vient d’apprendre que la marine chinoise va équiper son porte-avions d’un nouvel avion dédié, le FC-31. Est-ce le signe de cette maritimisation et une menace ?
Pour une marine de guerre, plusieurs étapes conduisent à la maîtrise d’un porte avions : avoir un porte-hélicoptères, puis un navire allongé pour y placer un avion à décollage vertical, ensuite un pont permettant de propulser un avion terrestre « navalisé » à peu de frais. Enfin, pour avoir un véritable avion de combat, il faut une catapulte et un avion spécialisé, conçu pour le navire. Cette ambition avance sous nos yeux.
Un conflit peut-il survenir à Taïwan, comme le pensent certains analystes
américains ?
Je resterais prudent. Mais l’accumulation des moyens militaires dans la région est telle que le Rubicon1 est de moins en moins difficile à franchir. Et chaque jour qui passera d’ici à 2030 rendra cela un peu plus vrai, avec plus de bateaux, plus de missiles… Le coût d’une réaction militaire à une action militaire chinoise à Taïwan augmentera avec le temps, et c’est probablement ce qui est recherché, dans un effort de dissuasion. »
Source : propos recueillis par Nathalie Guibert et Elise Vincent, « Amiral Pierre Vandier : En Indo-Pacifique, “nous affrontons une logique d’étouffement” », Le Monde, 10 juin 2021.
1 Franchir le Rubicon : dépasser un interdit
Document 2
Source : dessin de Glenn Anthony T. Tolo paru dans le journal philippin Daily
Tribune, 15 mars 2024.
Les Philippines, localisées sur le globe terrestre à gauche du dessin, sont un archipel voisin de la Chine. Le personnage représenté est un astronaute chinois.