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Spécialité HLP Amérique du Nord Jour 1 Bac Général Session 2025

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Bac Général
Classe : 
Terminale
Centre d’examen :
 Amérique du Nord
Matière : Humanités, littérature et philosophie
Année : 2025
Session : Normale
Durée de l’épreuve : 4 heures
Repère de l’épreuve : 25-HLPJ1AN1
L’usage de la calculatrice et du dictionnaire n’est pas autorisé.

Répartition des points :
Première partie : 10 points
Deuxième partie : 10 points

Quand le sujet est convoqué, capté, ravi par plus fort que lui – la passion, la
souffrance –, quand il est ainsi dépossédé et redéfini par une force supérieure à la sienne – l’amour, la douleur, le chagrin –, il ne peut plus se contenter d’être simplement celui qu’il a été jusqu’alors. Il lui faut devenir quelqu’un d’autre pour sauver sa peau.
Que peuvent faire alors ceux qui tiennent à lui et le retiennent ? Accepter ces moments où il ne peut pas tenir son rôle, où il abandonne la partition ? Accepter, c’està-dire décider d’y voir autre chose que de la lâcheté, y reconnaître plutôt son impuissance réelle face à l’événement (tomber malade, tomber amoureux, tomber enceinte) qui l’emporte ou l’écrase par sa puissance et le transforme intérieurement.
Facile à dire. Puis-je vraiment réussir à le laisser s’éloigner de lui-même,
devenir autre que tel que je le connais et l’aime ? Puis-je lui autoriser cet écart, cet exil loin de lui-même au risque de le perdre ? Ne suis-je pas tenté au contraire de tout faire pour le retenir près de moi, pour le maintenir dans son identité antérieure, convoquant la morale (ses engagements), l’émotion, la mémoire pour l’enfermer dans cette identité dont il ne veut plus, qu’il ne peut plus ni supporter ni habiter ? Sans doute est-il vain d’user de tous les artifices pour l’empêcher de vivre ce qu’il est convaincu d’avoir à vivre.
Il faut dire la violence du devenir-autre pour le sujet lui-même, mais aussi la
violence de cette métamorphose pour ses proches, pour tous ceux qui « tenaient » à lui. La rupture les détache malgré eux. Cette personne change au point de paraître parfois méconnaissable : est-ce bien mon enfant, cet adolescent qui se convertit ? Est-ce ma femme qui me quitte pour ce jeune homme ? Est-ce mon frère qui soutient ce parti xénophobe ? Qui est cet étranger qui a pris la place et l’apparence de la personne que j’aimais ? Qui est ce cafard dans la chambre de Gregor(1) ? En un effet boomerang surgissent les questions sur notre propre aveuglement. Comment ai-je pu, moi qui ai vécu à ses côtés, le méconnaître à ce point ? La possibilité et la liberté d’être autre révèlent de manière douloureuse les illusions de l’amour et de l’affection : illusion d’une propriété et d’une proximité, d’une transparence de l’être aimé. La familiarité n’est parfois qu’une impression. Autrui pourra toujours nous surprendre, nous déstabiliser, nous laisser interdit devant ce qu’il a dit ou fait et qui paraissait inimaginable. Non seulement il ne m’appartient pas, mais il peut toujours devenir pure surprise, devenir tout autre, d’une inquiétante étrangeté.
Claire MARIN, Rupture(s) (2019)
(1) Gregor : référence à La Métamorphose de Franz Kafka (1915) où le narrateur, Gregor, relate sa métamorphose subite en cafard.

Première partie : interprétation philosophique
Comment ce texte aborde-t-il la métamorphose du sujet pour lui-même et pour les autres ?

Deuxième partie : essai littéraire
La littérature et les arts peuvent-ils saisir le moi sans le figer ?