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Spécialité HLP Amérique du Sud Jour 1 Bac Général Session 2022

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Bac Général
Classe : 
Terminale
Centre d’examen :
 Amérique du Sud
Matière : Humanités, littérature et philosophie
Année : 2022
Session : Normale
Durée de l’épreuve : 4 heures
Repère de l’épreuve : 22-HLPJ1AS1
L’usage de la calculatrice et du dictionnaire n’est pas autorisé.

Répartition des points :
Première partie : 10 points
Deuxième partie : 10 points

Le candidat traite au choix le sujet 1 ou le sujet 2

SUJET 1
Solal, jeune diplomate, a séduit Ariane. Belle du Seigneur raconte leur passion.
Ariane qui l’attendait sur le seuil, belle dans cette robe de lin blanc, Ariane, sa
forme de déesse, le mystère de sa beauté qui intimidait son amant, Ariane, son visage aigu d’archange, les commissures pensantes de ses lèvres, son nez d’orgueil, sa marche, ses seins qui étaient fierté et défi, ses moues de tendresse lorsqu’elle le regardait, les brusques envols de sa robe lorsqu’elle se retournait et vers lui accourait, soudain accourait lui demander, lèvres prêtes, lui demander s’il l’aimait.
Ô joies, toutes leurs joies, joie d’être seuls, joie aussi d’être avec d’autres, ô
cette joie complice de se regarder devant les autres et de se savoir amants devant les autres qui ne savaient pas, joie de sortir ensemble, joie d’aller au cinéma et de se serrer la main dans l’obscurité, et de se regarder lorsque la lumière revenait, et puis ils retournaient chez elle pour s’aimer mieux, lui orgueilleux d’elle, et tous se retournaient quand ils passaient, et les vieux souffraient de tant d’amour et de beauté.
Ariane religieuse d’amour, Ariane et ses longues jambes chasseresses, Ariane
et ses seins fastueux qu’elle lui donnait, aimait lui donner, et elle se perdait dans cette douceur par lui, Ariane qui lui téléphonait à trois heures du matin pour lui demander s’il l’aimait et lui dire qu’elle l’aimait, et ils ne se lassaient pas de ce prodige d’aimer, Ariane qui le raccompagnait chez lui, puis il la raccompagnait chez elle, puis elle le raccompagnait chez lui, et ils ne pouvaient pas se quitter, ne pouvaient pas, et le lit des amours les accueillait, beaux et chanceux, vaste lit où elle disait que personne avant lui et personne après lui, et elle pleurait de joie sous lui.
Albert Cohen, Belle du Seigneur, 1968.

Première partie : interprétation littéraire
Comment Albert Cohen rend-il compte des émois de l’amour naissant ?

Deuxième partie : essai philosophique
Le langage permet-il d’exprimer le sentiment amoureux ?

SUJET 2
Par ailleurs, nous savons aujourd’hui que beaucoup d’animaux souffrent comme nous, qu’ils ont une « conscience » (au sens le plus fort de ce mot) comme nous, qu’ils ont peur comme nous. Nous le savons et nous les décimons pourtant comme jamais ils ne l’ont été dans l’histoire. Faut-il d’ailleurs absolument qu’ils nous ressemblent pour que nous les aimions et les respections ? Le « crime contre la vie » perpétré chaque jour par une humanité plus prédatrice – et de très loin – qu’aucune espèce ne le fut jamais dans l’histoire de la Terre peut-il perdurer indéfiniment ? Allons-nous continuer à l’assumer ? N’est-il pas temps de cesser de faire comme si les vivants non humains étaient des objets alors que nous savons qu’ils ne le sont pas ?
Nous traitons rigoureusement les animaux comme des choses. Unilatéralement, nous avons décidé que la Terre serait l’enfer pour nombre des vivants qui la peuplent. Nous tuons vraisemblablement chaque mois plus d’animaux qu’il n’a existé d’êtres humains dans toute l’Histoire.
La « nature » est, elle aussi, souvent pensée sous le seul prisme de ce qu’elle « rapporte », de ce qu’elle nous « dispense » (comme le furent les peuples colonisés). Peut-être serait-ce l’occasion de la penser pour ellemême. Faut-il continuer à voir les lieux que nous investissons comme étant « à disposition » ? Tout un écosystème subtil y préexiste. Il n’est pas une simple ressource. Il ne doit plus être ainsi perçu. Il vaut pour ce qu’il est et non pas pour ce qu’il nous donne. Le problème de la mort massive des animaux et des végétaux est presque toujours présenté du point de vue de ses effets négatifs (souvent réels) sur la vie humaine. Mais n’est-il pas en lui même catastrophique ? Le monde existe indépendamment de son rôle pour notre confort. La « loi du plus fort » n’est pas seulement éthiquement indéfendable, elle se retourne presque toujours contre celui qui en abuse.
Certains pays commencent à donner des droits à des rivières ou à des forêts. D’un point de vue juridique, elles peuvent être représentées de différentes manières (par exemple, par un individu désigné ou par toute personne décidant de porter plainte en cas d’atteinte). C’est une piste intéressante qui mérite d’être explorée. À condition qu’elle ne soit pas une simple poudre aux yeux et que les États aient encore un véritable pouvoir face aux entités supraétatiques qui aujourd’hui gagnent en puissance.
Les parcs nationaux, aussi utiles soient-ils pour sauver quelques bribes de diversité, je l’évoquais précédemment, constituent également l’archétype d’une aberration conceptuelle. Ils soulignent à quel point les humains ont artificiellement décidé que la « nature » ne faisait plus partie de leur monde.
Elle n’aurait plus droit d’être qu’au sein de sortes de super « parcs d’attractions » sous leur contrôle. C’est toute cette logique aberrante qu’il s’agit de renverser.
Le défi que nous avons à relever concerne donc aussi une mutation de nos valeurs. L’obligation dans laquelle les pays riches se trouvent de réapprendre un certain « ascétisme tendanciel » au niveau matériel n’est pas forcément une mauvaise nouvelle.

Aurélien Barrau, Le plus grand défi de l’histoire de l’humanité, 2019.

Première partie : interprétation littéraire
Quelle vision de la nature, selon l’auteur, est à l’origine de ce qu’il désigne comme une catastrophe écologique ?

Deuxième partie : essai philosophique
Quel rôle vous semble jouer la littérature dans la reconnaissance de l’importance de la nature en elle-même et pour elle-même ?