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Spécialité HLP Mayotte-Liban Jour 2 Bac Général Session 2022

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Bac Général
Classe : 
Terminale
Centre d’examen :
 Mayotte-Liban
Matière : Humanités, littérature et philosophie
Année : 2022
Session : Normale
Durée de l’épreuve : 4 heures
Repère de l’épreuve : 22-HLPJ2LR1
L’usage de la calculatrice et du dictionnaire n’est pas autorisé.

Répartition des points :
Première partie : 10 points
Deuxième partie : 10 points

Le candidat traite au choix le sujet 1 ou le sujet 2

SUJET 1
La sœur Sainte-Sophie vit dans un couvent depuis deux ans, parce qu’elle « aime Dieu, la mère abbesse, le silence ». Un jeune homme, Julien, vient admirer un tableau dans la chapelle du couvent. C’est le coup de foudre mais, au nom de sa foi, Sophie décide de renoncer à Julien.
10 décembre.
Mon chéri, voilà plus de trois semaines que je suis malade. On ne me donne pas vos lettres, et si je vous écrivais, on ne vous ferait pas parvenir les miennes.
Je n’ai plus de force, je voudrais beaucoup mourir. Par moments, je vous vois comme si vous étiez très loin, je n’entends presque plus votre voix, et à d’autres instants votre image emplit et déchire mon cœur resserré. Je ne sais si je redoute ou si je souhaite que vous vous effaciez en moi.
Tout ce qu’on peut souffrir, je l’ai souffert : j’ai pensé m’éteindre de violence et de colère, et maintenant je souffre d’une douce et terrible sentimentalité ; ce sentiment fait plus mal que les autres ; je pense à vous avec une tendresse qui me tue. Je suis là, couchée, près de la sœur Marthe qui brode. Je vois par la fenêtre un ciel d’hiver très bleu.
Si je n’avais connu que votre passion et la mienne, je pourrais, aujourd’hui où je suis si malade, oublier, mais j’ai connu, mon chéri, votre bonté.
J’ai connu votre bonté pour moi auprès de laquelle l’affection de la supérieure est pauvre et blessante, la sympathie de mes sœurs misérable.
Vous m’avez tant donné, dans des moments de douceur sans limite, que l’attention moindre de toutes les autres âmes ne peut plus que m’offenser. La pureté, l’amitié infinie, c’est nous qui les avons goûtées, dans les instants où, sans secret, sans défiance, nous fûmes vraiment des âmes mêlées, des regards pareils.
Que les amies parfaites aient entre elles besoin de précautions et d’égards, que les frères et les parents se respectent et craignent de s’offenser, mais nous, quels soins eussions-nous pu prendre d’une âme qui nous était commune ?
Je me souviens que vous sembliez oppressé la nuit où vous m’avez quittée.
Hélas ! je n’ai pas suivi votre douleur. Comment étiez-vous quand vous êtes rentré dans votre chambre, quand vos bras pendaient le long de votre corps, quand vous vous êtes assis avec stupeur, car les hommes, n’est-ce pas, sont étonnés de souffrir ? Mon chéri, cette sentimentalité dont la douceur fait mal, je ne puis l’écarter de moi, elle pèse sur mon cœur et m’étouffe, comme ces beaux chats chauds et fourrés qui s’endorment la nuit sur la poitrine des petits enfants.
Anna DE NOAILLES, Le visage émerveillé, 1904

Première partie : interprétation littéraire
Peut-on dire que le personnage de Sophie est dominé par sa sensibilité ?

Deuxième partie : essai philosophique
Nos choix de vie peuvent-ils se faire contre nos sentiments ?

SUJET 2
L’expérience a prouvé que les développements déclenchés à chaque fois par l’agir technologique afin de réaliser des buts à court terme ont tendance à se rendre autonomes, c’est-à-dire à acquérir leur propre dynamique contraignante, une inertie autonome, en vertu de laquelle ils ne sont pas seulement irréversibles, comme on l’a déjà dit, mais qu’ils poussent également en avant et qu’ils débordent le vouloir et la planification de ceux qui agissent. Ce qui a été commencé nous ôte l’initiative de l’agir et les faits accomplis que le commencement a créés s’accumulent pour devenir la loi de sa continuation. Même s’il se peut que « nous prenions en main notre propre développement », celui-ci échappera à nos mains simplement du fait qu’il s’est incorporé son impulsion et plus que partout ailleurs vaut ici la loi qu’alors que le premier pas relève de notre liberté, nous sommes esclaves du second et de tous ceux qui suivent. Ainsi au constat que l’accélération du développement alimenté technologiquement ne laisse plus le temps pour des corrections automatiques s’ajoute le constat ultérieur que pendant le temps que malgré tout nous avons encore à notre disposition, la correction devient de plus en plus difficile et la liberté pour la faire diminue continuellement. Cela renforce l’obligation de veiller aux commencements, accordant la priorité aux possibilités de malheur fondées de manière suffisamment sérieuse (et distinctes des simples fantasmes de la peur) par rapport aux espérances
– même si celles-ci ne sont pas moins bien fondées.
Hans JONAS, Le Principe responsabilité, (1979) trad. J. Greisch.

Première partie : interprétation littéraire
Pourquoi, selon Hans Jonas, la précaution vaut-elle mieux que l’espérance ?

Deuxième partie : essai philosophique
Dans un monde dominé par la technique, la littérature nous aide-elle à nous orienter ?