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Bac Général
Classe : Terminale
Centre d’examen : Métropole
Matière : Humanités, littérature et philosophie
Année : 2025
Session : Remplacement
Durée de l’épreuve : 4 heures
Repère de l’épreuve : 25-HLPJ1ME3
L’usage de la calculatrice et du dictionnaire n’est pas autorisé.
Répartition des points :
Première partie : 10 points
Deuxième partie : 10 points
Quand, dans la solitude, rêvant un peu longuement, nous allons loin du présent, revivre les temps de la première vie, plusieurs visages d’enfants viennent à notre rencontre. Nous fûmes plusieurs dans la vie essayée, dans notre vie primitive. C’est seulement par le récit des autres que nous avons connu notre unité. Sur le fil de notre histoire racontée par les autres, nous finissons, année par année, à nous ressembler. Nous amassons tous nos êtres autour de l’unité de notre nom.
Mais la rêverie ne raconte pas. Ou, du moins, il est des rêveries si profondes, des rêveries qui nous aident à descendre si profondément en nous qu’elles nous débarrassent de notre histoire. Elles nous libèrent de notre nom. Elles nous rendent, ces solitudes d’aujourd’hui, aux solitudes premières. Ces solitudes premières, ces solitudes d’enfant, laissent, dans certaines âmes, des marques ineffaçables. Toute la vie est sensibilisée pour la rêverie poétique, pour une rêverie qui sait le prix de la solitude. L’enfance connaît le malheur par les hommes. En la solitude, il peut détendre ses peines. L’enfant se sent fils du cosmos1 quand le monde humain lui laisse la paix. Et c’est ainsi que dans ses solitudes, dès qu’il est maître de ses rêveries, l’enfant connaît le bonheur de rêver qui sera plus tard le bonheur des poètes. Comment ne pas sentir qu’il y a communication entre notre solitude de rêveur et les solitudes de l’enfance ? Et ce n’est pas pour rien que, dans une rêverie tranquille, nous suivons souvent la pente qui nous rend à nos solitudes d’enfance.
Gaston Bachelard, Poétique de la rêverie,1960.
1 cosmos : l’univers considéré dans sa totalité.
Première partie : interprétation littéraire
En quoi, d’après ce texte, les rêveries d’enfance s’inscrivent-elles en nous ?
Deuxième partie : essai philosophique
« C’est seulement par le récit des autres que nous avons connu notre unité. » Que pensez-vous de ce rôle donné à la littérature ?
