Bac Général
Classe : Terminale
Centre d’examen : Métropole
Matière : Humanités, littérature et philosophie
Année : 2024
Session : Remplacement
Durée de l’épreuve : 4 heures
Repère de l’épreuve : 24-HLPJ2ME3
L’usage de la calculatrice et du dictionnaire n’est pas autorisé.
Répartition des points :
Première partie : 10 points
Deuxième partie : 10 points
Le vieillissement englobe deux choses qui ne sont pas absolument liées l’une
à l’autre. C’est l’irréversibilité du devenir qui est le pathos1 fondamental de l’existence, qui est à la source des regrets, des chants les plus beaux, de la poésie la plus touchante, la plus poignante. Mais cela ne suffit pas, parce que le devenir pourrait être irréversible, aller toujours dans le même sens, sans jamais retourner sur ses pas, et se renouveler continuellement. Il faut donc autre chose. Eh bien, il y a le devenir, l’usure qualitative qui fait que chaque existence possède un certain rythme qui vient en gros de la longévité moyenne de l’espèce. L’homme a un tonus vital accordé pour une vie qui durera en moyenne soixante-quinze à quatre-vingts ans. Je suppose qu’un chat ou un chien ont des rythmes de vie tout à fait différents des nôtres. Si nous vivions sur une autre planète, où l’année serait plus courte ou bien plus longue, nos rythmes, nos affaires, la nuit de sommeil, la journée de travail, nos rythmes vitaux seraient totalement différents. Je crois que notre vie humaine, telle que nous la connaissons, et tout ce qui la compose sont accordés sur une certaine durée moyenne. L’économie de ma journée, notre conversation, tout cela est accordé sur ce rythme-là. Bien sûr, les hommes vieillissent plus ou moins vite, selon l’état général du corps. Et puis le vieillissement n’est pas régulier. Il y a des rebroussements. Il y a une entropie2 naturelle, qualitative du devenir humain. Bien entendu, la vocation de l’homme, comme le dit Edgar Morin3, est d’allonger de plus en plus la vie humaine. Elle est du reste notablement allongée. Remarquez d’ailleurs que l’allongement moyen de la vie humaine a déjà modifié nos sentiments, notre style de vie (…). Mais il n’en est pas moins vrai que, à chaque époque donnée, la vie sera tout de même finie. La vie ne sera jamais infinie.
V. Jankélévitch, « A propos d’un livre :
La Mort » (1967) in Penser la mort ? (1994)
- « pathos » : état de souffrance
- « entropie » : tendance au désordre
- Edgar Morin : Philosophe et sociologue français né en 1921 qui tient ce propos dans
L’homme et la mort (1951).
Première partie : interprétation littéraire
Pourquoi ce texte accorde-t-il une place centrale aux rythmes de l’existence ?
Deuxième partie : essai philosophique
En quoi la littérature et les arts nous aident-ils à affronter les limites de l’existence ?