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Spécialité HLP Polynésie Jour 2 Bac Général Session 2025

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Bac Général
Classe : 
Terminale
Centre d’examen :
 Polynésie
Matière : Humanités, littérature et philosophie
Année : 2025
Session : Normale
Durée de l’épreuve : 4 heures
Repère de l’épreuve : 25-HLPJ2PO1
L’usage de la calculatrice et du dictionnaire n’est pas autorisé.

Répartition des points :
Première partie : 10 points
Deuxième partie : 10 points

Les moyens pour arriver à une paix véritable – Aucun gouvernement n’avoue
aujourd’hui qu’il entretient son armée pour satisfaire, à l’occasion, ses envies de conquête ; c’est au contraire à la défense que l’armée est censée servir. Pour justifier cet état de choses, on invoque une morale qui approuve la légitime défense. On se réserve ainsi, pour sa part, la moralité, et on attribue au voisin l’immoralité, car il faut imaginer celui-ci prêt à l’attaque et à la conquête, si l’État dont on fait partie doit être dans la nécessité de songer aux moyens de défense. De plus on accuse l’autre, qui, de même que notre État, nie l’intention d’attaquer et n’entretient, lui aussi, son armée que pour des raisons de défense, pour les mêmes motifs que nous, on l’accuse, disje, d’être un hypocrite et un criminel rusé qui voudrait se jeter, sans aucune espèce de lutte, sur une victime inoffensive et maladroite. C’est dans ces conditions que tous les États se trouvent aujourd’hui les uns en face des autres : ils admettent les mauvaises intentions chez le voisin et se targuent de bonnes intentions. Mais c’est là une inhumanité aussi néfaste et pire encore que la guerre, c’est déjà une provocation et même un motif de guerre, car on prête l’immoralité au voisin et, par là, on semble appeler les sentiments et l’action hostiles. Il faut renier la doctrine de l’armée comme moyen de défense tout aussi catégoriquement que les désirs de conquête. Et un jour viendra peut-être, jour grandiose, où un peuple, distingué dans la guerre et la victoire, par le plus haut développement de la discipline et de l’intelligence militaires, habitué à faire les plus lourds sacrifices à ces choses, s’écriera librement : « Nous brisons l’épée ! » – détruisant ainsi toute son organisation militaire jusqu’en ses fondements.
Renoncer aux armes, tandis qu’on est le plus redoutable, guidé par l’élévation du sentiment, – c’est là le moyen pour arriver à la paix véritable qui doit toujours reposer sur une disposition d’esprit paisible, tandis que ce que l’on appelle la paix armée, telle qu’elle est pratiquée maintenant dans tous les pays, répond à un sentiment de discorde, à un manque de confiance en soi et en le voisin et empêche de déposer les armes en partie par haine, en partie par crainte. Plutôt périr que de haïr et que de craindre, et plutôt périr deux fois que de se laisser haïr et craindre, – il faudra que ceci devienne un jour la maxime supérieure de toute société organisée !
Nietzsche, Humain, trop humain (1879)
traduction Desrousseaux, Albert, Lacoste (1993)

Première partie : interprétation littéraire
Pourquoi, selon Nietzsche, la « paix armée » ne peut-elle être le moyen de la « paix véritable » ?

Deuxième partie : essai philosophique
Selon vous, la littérature et les arts permettent-ils d’éviter de « haïr et de craindre » ?