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Spécialité HLP Amérique du Nord Jour 2 Bac Général Session 2023

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Bac Général
Classe : 
Terminale
Centre d’examen :
 Amérique du Nord
Matière : Humanités, littérature et philosophie
Année : 2023
Session : Normale
Durée de l’épreuve : 4 heures
Repère de l’épreuve : 23-HLPJ2AN1
L’usage de la calculatrice et du dictionnaire n’est pas autorisé.

Répartition des points :
Première partie : 10 points
Deuxième partie : 10 points

Dans ce roman qui se déroule pendant la Première guerre mondiale, l’auteur nous livre sa propre expérience du front.
On se remet en marche, parsemés sur la route maintenant grisâtre, très lentement, très pesamment, avec des geignements(1) et de sourdes malédictions que l’effort étrangle dans les gorges. Au bout de cent mètres, les deux hommes formant équipe échangent leurs fardeaux, de sorte qu’au bout de deux cents mètres, malgré la bise aigre(2) et blanchissante du petit matin, tout le monde, sauf les gradés, ruisselle de sueur.
Tout à coup une étoile intense s’épanouit là-bas, vers les lieux vagues où nous allons : une fusée. Elle éclaire toute une portion du firmament de son halo(3) laiteux, en effaçant les constellations, et elle descend gracieusement, avec des airs de fée.
Une rapide lumière en face de nous, là-bas ; un éclair, une détonation.
C’est un obus !
Au reflet horizontal que l’explosion a instantanément répandu dans le bas du ciel, on voit nettement que, devant nous, à un kilomètre peut-être, se profile, de l’est à l’ouest, une crête.
Cette crête est à nous dans toute la partie visible d’ici, jusqu’au
troupes occupent. Sur l’autre versant, à cent mètres de notre
première ligne allemande.
L’obus est tombé sur le sommet, dans nos lignes. Ce sont eux qui tirent.
Un autre obus. Un autre, un autre, plantent, vers le haut de la colline, des arbres de lumière violacée dont chacun illumine sourdement tout l’horizon.
Et bientôt, il y a un scintillement d’étoiles éclatantes et une forêt
panaches phosphorescents sur la colline : un mirage de féerie
suspend légèrement à nos yeux dans le gouffre entier de la nuit.
Ceux d’entre nous qui consacrent toutes les forces arc-boutées
de leurs jambes à empêcher leurs vaseux(4) fardeaux trop lourds
et à s’empêcher eux-mêmes de glisser par terre, ne voient rien
autres, tout en frissonnant de froid, en grelottant, en reniflant,
avec des mouchoirs mouillés(5) qui pendent de l’aile, en maudissant les obstacles de la route en lambeaux, regardent et commentent.
– C’est comme si tu vois un feu d’artifice, disent-ils.
Complétant l’illusion de grand décor d’opéra féerique et sinistre devant lequel rampe, grouille et clapote notre troupe basse, toute noire, voici une étoile rouge, une verte ; une gerbe rouge, beaucoup plus lente.
On ne peut s’empêcher, dans nos rangs, de murmurer avec un confus accent d’admiration populaire, pendant que la moitié disponible des paires d’yeux regardent :
– Oh ! une rouge !… Oh ! une verte !….
Henri BARBUSSE, Le Feu (1916)
(1) Geignements : petits cris plaintifs.
(2) Bise aigre : vent glacial.
(3) Halo : cercle lumineux.
(4) Vaseux : recouverts de vase, de boue.
(5) Mouchoirs mouillés : à cause du manque de masques à gaz, les soldats français avaient reçu l’ordre de se protéger le nez et la bouche avec des mouchoirs humides.

Première partie : interprétation littéraire
Quelle vision paradoxale de la guerre se dégage de cet extrait ?

Deuxième partie : essai philosophique
Peut-on donner une description objective de la guerre ?